
En fin d’année, comme chaque début d’hiver, je me sentais mal. D’un côté, je faisais un constat hyper positif de mon année de freelance, qui n’a jamais été aussi fructueuse. Mais de l’autre, l’arrière-goût amer de ne pas avoir pris assez de temps pour moi. J’en ai donné, distribué sans compter à ma femme, à mon fils, à nos proches, au travail. Mais moi, je me suis oublié en chemin. C’est la première année depuis bien longtemps que j’ai aussi peu roulé à vélo, et malgré le constat de nombreuses choses cool qui se sont passées en 2024, j’ai failli à ma tâche de m’octroyer du temps rien que pour moi. L’autre constat, c’est que l’appareil photo que j’ai le plus utilisé cette année, c’est mon Olympus Mju II, mon point and shoot. Même si c’est un chouette appareil, je ressens un manque de mes autres appareils, en qualité d’image, en ergonomie, en plaisir à shooter.
Je vous passe les détails de ma réflexion, de ma soirée assis devant mon carnet avec mon stylo, tentant de démêler tout ça. Mi-janvier, je devais rejoindre Greg pour une retraite créative de quelques jours, histoire de souffler, faire un reset et repartir du bon pied en 2025. Sauf qu’un virus hivernal à la maison en a décidé autrement : j’étais le seul en forme à pouvoir prendre soin de tout le monde. Exit la retraite. Après avoir couché ma famille, j’ai pris le temps d’écrire et de réfléchir à tout ça. Parmi les différents constats que j’ai tirés, celui qui ressortait de manière criante, c’était celui de prendre plus de temps pour moi.
Pour attaquer 2025 sur de bonnes bases, je me suis accordé une journée sur la côte pour renouer avec la randonnée qui me manque pas mal et la photo. La météo annonçait une brume persistante tout au long de la journée. Tant mieux, c’est ce que je cherchais.
J’avais chargé une HP5 dans mon Canon A1, initialement pour la retraite, elle m’a finalement servi pour cette journée-là. En ce moment, j’ai une envie profonde d’explorer davantage le noir et blanc. Ça revient souvent l’hiver, j’ai remarqué. Mais cette fois, il y avait un petit quelque chose de différent. Je me réjouissais donc de photographier en noir et blanc pour cette occasion.
Il y a peu, j’ai redécouvert dans Lightroom des photos noir et blanc de l’hiver précédent shootées avec mon A1 et mon Canon FD 55mm f/1.2. À la redécouverte de la richesse de ces scans, j’ai immédiatement voulu en faire mon objectif de choix pour cette journée. Je savais que je serais surtout attiré par le paysage et les détails qui le composent, que je n’avais pas vraiment de vie à documenter. Là où en temps normal, j’aurais sûrement opté pour le 35mm, prendre le 55mm aura été la meilleure décision ce jour-là.
J’ai avancé dans l’humidité, le sable et les cailloux. Je me suis griffé les jambes jusqu’au sang pour sortir d’un beau pétrin, coincé par la marée qui montait. J’avais prévu mon réchaud pour me faire des pâtes instantanées, ma cartouche de gaz était épuisée. Ça faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas fait ce genre de chose que j’en avais oublié les automatismes autrefois acquis de vérifier les marées, l’équipement et j’en passe. Ça m’a bien fait sourire.
Et puis l’heure était venue de devoir prendre la route du retour vers chez moi. Sur la réserve. J’ai vu ça comme un clin d’œil, un message de « welcome back outside, noob. ». Malheureusement, j’étais attendu en fin de journée et j’ai dû presser le pas pour revenir jusqu’à la voiture, sans avoir pu finir ma pellicule ni réaliser certaines photos que je voulais encore capturer.
Ce n’était pas parfait. Ce n’était pas pleinement abouti. Ce n’étaient pas mes plus belles photos. Enfin, ça j’en sais rien. Parce que pour poursuivre dans les erreurs de noob, j’ai eu la bonne idée de mal charger ma HP5 dans mon boîtier et le film n’a pas avancé. Donc toutes les photos prises ce jour-là n’existent pas. J’ai donc illustré l’article avec les 3-4 photos que j’ai faites avec mon iPhone ce jour-là. Boulet.
Quoi qu’il en soit, je ne le savais pas et surtout je l’ai fait. Et j’y ai pris un plaisir fou. Je ne suis pas sorti pour faire des photos. Je suis sorti pour me faire du bien, avec mon appareil photo comme compagnon et non l’inverse. Je me rends bien compte aujourd’hui, sans photo, que ce n’était pas ce que j’allais chercher le plus finalement. Moi qui cherche toujours à faire les choses mieux, je me suis rappelé qu’il fallait d’abord commencer par les faire.